Quand,  par une vague aussi intense qu’aigue, la vie te frappe, tu sais que tu  ne peux que te relever. Ce sont les règles du jeu. Et bien que  l’intention primaire du jeu n’est autre que l’amusement, il arrive des  temps, lors du jeu, ou rien n’est amusant. Alors là, pas du tout. Mais  tant que la machine vivante marche, tant que t’es encore en jeu. Rien ne  sert que de résister à ses régles. C’est de la perte d’énergie. Anyway,  quand cette vie là te saisit, regarde cette vague déferlante droit dans  les yeux. Ne lui crie surtout pas : « I will survive », ce ne sont que  des conneries, comme toutes ces conneries qu’on nous a fait gober via la  télé. C’est de la perte d’énergie. Du gâchis. Regarde bien dans les  yeux cette énorme vague. Prends le temps de faire tes calculs et  évaluations. Ne te forces pas de lui tourner le dos, ça ne servira à  rien, sinon dépenser encore plus d’énergie, loins de là ou elle serait  efficace, puis t’offrir comme Victime Suprême. Un agneau conduit à  l’abattoir impérial, au sommet d’un pyramide en or, d’une civilisation  anéantie. L’image est belle, certes. Mais en réalité, il s’agit avant  tout d’un agneau conduit vers son égorgeade. Le reste n’est que décor  modulable. Cet agneau n’est Victime que pour lui-même. Cette fonction  n’existe pas comme valeur. Mais comme classification. Quel gâchis, que  de finir en agneau.
Regarde-là bien dans les  yeux, et considère froidement cela : ce ne sont que des idées, ces  choses génératrices de fatigue et désarroi. Qu’elles soient personnes,  ou autres, ce ne sont à la base que des idées. Ce ne sont que tes idées à  toi.Et il arrive à chacun d’avoir de mauvaises idées. Il suffit de s’en  débarrasser. N’oublie pas que les idées sont des entités hypothétiques  qui n’ont d’existence que sur l’écran que constitue ton cerveau  perceptif. Comment se débarrasser d’une mauvaise idée ??? Comme on se  débarrasse de la pisse et autres excréments : en les évacuants dehors.  Leur existence cesse sur l’écran.
Puis,  regarde-là encore dans les yeux, cette vague. Et considère ceci : la  douleur ne s’inscrit pas dans la mémoire, ce n’est que son traumatisme  qui s’y inscrit. On ne peut rafraîchir le souvenir d’une douleur,  tandisque son traumatisme, sa souffrance, sa tristesse ou autres  sensations si. Ils sortent intacts du frigo de la Mémoire, tandisque la  douleur elle n’y entre pas. Et le jeu implique l’existence de ce  phénomène. A quoi bon en avoir peur? A quoi bon écouter le son menteur  de son traumatisme ? A quoi bon la fuir elle, qui ne peut s’en aller  qu’en étant totalement consommée comme réaction mécanique normale. Aucun  mal à l’affronter, ce n’est pas elle qui te tuera hélas. Elle est juste  là à titre indicatif de ta vivacité et ton existence.
 Maintenant, regarde-là cette vague, droit dans les yeux. Tu la vois,  cette porte-là, bien au milieu? C’est le portail de la grandeur, en le  franchissant tu gagneras en Force pour pouvoir continuer le jeu. Calcule  bien ton chemin, et n’attends plus la vague. Fonces-y et franchis  sereinement cette porte-là. Cette vie n’en vaut peut être pas le coup.  Mais toi, si.
Pause Perso I
Ce texte fait partie d’un projet intitulé « Chroniques d’une dépression anodine ».